La plus grande décharge publique du royaume est un gigantesque dépotoir à ciel ouvert, où gisent plus de 40 millions de tonnes de déchets industriels et ménagers.
Hamid ne les sent même plus. Les odeurs nauséabondes de putréfaction. Le parfum des déchets qui se décomposent lentement dans le sol. Chaque jour, il plonge dans une montagne d’immondices, sans masque ni gants. Près de quarante-cinq mètres de détritus entassés sur une surface de soixante-dix hectares, aux portes de Casablanca, servant de nourriture au bétail et de gagne-pain aux chiffonniers.
Ces récupérateurs informels se ruent sur les camions-bennes pour ramasser tout ce qui peut être vendu aux entreprises de recyclage locales ou à l’export. « Ici, on fait du business. Vous voyez cette montagne de poubelles ? Ça vaut de l’or », confie Hamid. Autour, des « rivières » de ce lixiviat, jus extrêmement polluant produit par l’eau de pluie traversant les ordures, débordent sur la route et donnent la nausée aux automobilistes. Le soir, une fumée noire et âcre mêlant des résidus toxiques empoisonne l’air des riverains.
Bienvenue à Médiouna, « la poubelle de Casablanca », résume Salaheddine Aboulghali, président de la commune du même nom, député et homme d’affaires. La plus grande décharge publique du Maroc, un gigantesque dépotoir sauvage à ciel ouvert, où gisent plus de 40 millions de tonnes d’ordures ménagères provenant de la capitale économique et ses 4 millions d’habitants. Officiellement. Car on y trouve aussi des produits pharmaceutiques et industriels, des déchets de construction et des solvants enfouis depuis trente-deux ans dans un terrain schisteux qui ne dispose d’aucun système d’étanchéité et pollue par conséquent les nappes d’eau souterraines et les puits avoisinants.